Avant de présenter le site "ABopéra" il convient de retracer quelque grandes lignes de l'histoire de l'Opéra et de remettre, en place, certaines idée fausses qui existent encore aujourd'hui. |
Même les mélomanes passionnés trouvent l'Opéra excessif, avec ses intrigues alambiquées, ses paroles incompréhensibles, ses orchestrations orageuses, ses interprétations hyperboliques, ses mises en scène exotiques et ses chanteurs capricieux, et pourtant... l'Opéra fascine les foules depuis des siècles. Parce qu'il repose avant tout sur la voix humaine, l'opéra transmet de l'émotion même lorsqu'on ne comprend pas les paroles. Et c'est aussi grâce à cet instrument si unique et varié que s'explique le plaisir de revoir encore et encore les mêmes opéras. En effet, si le répertoire opératique porte essentiellement sur 150 œuvres, des milliers d'opéras ont été créés. Certains, joués à guichets fermés à leur époque, ne sont plus jamais représentés aujourd'hui. D'autres, chahutés lors de leurs premières, sont devenus des classiques. Il y a eu, bien sûr, des effets de mode: ainsi le grand opéra français, autrefois porté au pinacle, a disparu tandis que l'opéra baroque et l'opéra classique font maintenant fureur. Quant à l'opéra contemporain, si certaines œuvres sont entrées dans le répertoire il n'est encore apprécié que par une minorité. L'intrigue de l'opéra est tout aussi importante car l'opéra repose sur une musique adaptée à un livret écrit pour la scène. Les plus grands compositeurs ont toujours exigé un bon livret, quelque soit son sujet. Sa qualité essentielle est d'utiliser la poésie de la langue pour exprimer toute une gamme d'émotions permettant aux compositeurs de travailler sur des ressorts dramatiques. Ainsi, les plus grands opéras peuvent porter aussi bien sur la violence, la cupidité, le complot, la trahison, la réconciliation et la mort que sur l'humour, la joie, la passion et l'amour. Le spécialiste de l'opéra - Editions Gründ - Alan RIDING - Leslie DUNTON-DOWNER
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Il y a quatre siècles, à Florence en Italie, une nouvelle forme d'art appelée "opéra" rassembla musique, théâtre et danse. Son succès fut immédiat, et dès 1700 cet art divertissait toute l'Europe, rois ou roturiers. Si au fil du temps, la musique a évolué, la nature de l'opéra n'a pas changé: des chanteurs costumés racontent une histoire sur une scène de théâtre, accompagnés par un orchestre. Un opéra est donc une œuvre destinée à être chantée sur une scène par des interprètes possédant un registre vocal déterminé en fonction de leur rôle et accompagnés par un orchestre, parfois symphonique, parfois de chambre, parfois dédié exclusivement au seul répertoire d'opéra. L’œuvre est constituée d'un livret mis en musique sous forme d'airs, de récitatifs, de chœurs, d'intermèdes souvent précédés d'une ouverture et parfois agrémentée de ballets. |
La « Camerata Bardi », désigne plusieurs groupements d'artistes actifs à la fin du 16ème siècle à Florence. Cette assemblée, à visée culturelle, était surtout composée de savants, musicologues, poètes, gens de la noblesse et riches bourgeois de Florence. L’idée couramment émise, à l’époque, est que la poésie et la tragédie antiques étaient entièrement chantées. Les travaux de la Camerata Bardi avaient donc pour but de trouver un rapport nouveau entre le texte et la musique. Dans ce cadre, on attribue au théoricien Vincenzo Galilée (le père de l’astronome) la découverte du récitatif. Ce fut la naissance de l’opéra ! L'opéra naît donc, tout naturellement, en Italie au début du 17ème siècle. On le définit alors comme une histoire mise en musique alliant des rôles chantés avec un accompagnement orchestral. Le premier chef d'œuvre de l'histoire de l'opéra est sans aucun doute l’Orfeo de Claudio Monteverdi, créé en 1607. Ce nouvel art se répandit rapidement dans les autres cours d'Italie et arriva bientôt à Venise, ville où s'ouvrit en 1637 le premier théâtre public d'opéra, attirant une nouvelle foule de spectateurs. A la fin du siècle, Venise possédait 17 salles d'opéra et l'amour des italiens pour cet art ne devait plus se démentir. En même temps, des salles d’opéras se créaient dans toute l’Europe. |
Les 7 périodes de l'histoire de l'Opéra
1. L'Epoque baroque (1600-1750)
Le baroque couvre une grande période dans l’histoire de la musique et de l’opéra. Il s’étend du début du 17ème siècle jusqu'à environ au milieu du 18ème siècle, de façon plus ou moins uniforme selon les pays considérés. Le mot baroque vient vraisemblablement du portugais baroco qui désigne des "perles de forme irrégulière"; on l’a inventé pour qualifier au début, de façon péjorative, l’architecture baroque venue d’Italie. La musique fut marquée, au début, par des innovations techniques et stylistiques qui est à l'origine de la création de l'opéra. Tous les opéras composés pendant cette période ont été classés "baroque" avec toutefois une nuance: baroque ancien, baroque moyen et baroque tardif.
2. L'Epoque classique (1750-1800) Fini les fastes de l'opéra baroque qui magnifiaient l'organisation monarchique dont le Roi était le centre rayonnant, l’astre. La représentation d’opéra n’est plus celle de l’Etat monarchique. L'opéra s'éloigne de l'allégorique, du grand, du majestueux. En cette seconde partie du 18ème siècle, les signes annonciateurs de la fin de l’Ancien Régime et de la Révolution s’accumulent. La vie musicale connaît une profonde mutation avec la création de sociétés de concerts, qui entraîne un véritable essor du public. Le spectacle d’opéra s’adresse désormais au public et non plus seulement au Roi et à la cour. Ce nouveau public contribue, par ses aspirations nouvelles et par son goût au développement de genres nationaux. Mozart compose tous ses opéras pendant cette période.
3. Naissance de l'opéra romantique (1800-1850) Le nouveau rapport qui s'est instauré entre l'individu et la société, à la suite de la Révolution française, s'exprime à partir de 1800 dans un mouvement artistique dit "romantique", qui imprègne, après la poésie et les arts plastiques, la musique. C’est aussi la « spécialisation des compositeurs » Beethoven et Robert Schumann ne composent qu’un seul opéra, Brahms aucun, Félix Mendelssohn et Franck Schubert échouent dans le domaine lyrique. A l’inverse, Rossini, Bellini, Donizetti, Wagner et Verdi ne s’aventurent pas, ou peu, hors de la musique lyrique. L'écriture d'un opéra est devenue infiniment plus sérieuse et la pièce destinée à ne durer qu'une saison disparaît totalement au profit de l'œuvre de répertoire. Nous voyons arriver les particularismes nationaux: en France (Berlioz), en Russie (Glinka), en Allemagne (Beethoven, Wagner), en Italie (Bellini, Donizetti, Verdi)...
4. L'Epoque romantique (1850-1900) Dans la seconde moitié du 19ème siècle, l’élan romantique s’affirme dans l’opéra qui s’impose comme le genre musical par excellence avec les grands compositeurs lyriques tels que Wagner et Verdi. L’évolution de l’opéra, pendant cette période, répond à une volonté de tisser des liens étroits entre les paroles et la musique, entre le texte littéraire et la ligne musicale et vocale. Souci qui caractérise aussi bien l’opéra wagnérien (Allemagne), l’opéra verdien (Italie) que l’opéra russe ou français. L'opéra romantique est avant tout expressif, il parle au cœur, il exprime l'homme.
5. L'Aube du 20ème siècle (1900-1920) Les mouvements artistiques nés à la fin du siècle précédent se poursuivent au long des premières années du 20ème siècle avec le naturalisme en France et le vérisme en Italie ainsi que le symbolisme opposé au naturalisme. Tandis que le vérisme et le naturalisme se réclament du réel, de l'influence du milieu social et des circonstances politiques sur la destinée humaine, les mouvements décadents et symbolistes méprisent le réel, magnifient l'artifice comme constituant indispensable de la beauté, recherchent le raffinement, l'érotisme, les plaisirs rares et prônent un idéalisme à l'opposé de la trivialité du réel. L'opéra, dans les premières années de ce siècle, rend compte de la multiplicité des orientations artistiques dans le droit fil des choix esthétiques hérités du siècle passé ou en prise sur les inquiétudes et les tourments d'un monde en mutation dans une situation politique où se dessine chaque fois davantage le caractère inéluctable d'un conflit armé mondial.
6. L'Entre deux guerres (1920-1950) Cette période commence au sortir de cinq années d'une 1ère Guerre mondiale terriblement meurtrière et se termine au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Conséquence de ces tourmentes en Europe, les Etats-Unis accueillent sur leur territoire presque tous les chefs de file de la musique contemporaine: Bartók, Schoenberg, Stravinsky et les compositeurs comme: Milhaud, Rachmaninov, Prokofiev, Britten. En matière d'Opéra, la production ne cesse de diminuer et les compositeurs qui n'écrivent que pour la scène, comme Strauss ou Puccini, se font rares.
7. L'Epoque contemporaine (1950...) La seconde moitié du 20ème siècle, s'ouvre sur la prédiction, voire la constatation, de la mort de l'opéra. On considère l’opéra comme synonyme de culture bourgeoise, passéiste, nostalgique qui ne peut figurer qu’au titre d’œuvre morte dans les musées que sont les théâtres d’opéra. Pour la 1ère fois dans l'histoire de l'opéra, de façon nette et tranchée, un abîme se creuse entre le répertoire existant (qui exclut déjà les œuvres du 20ème siècle) et la création contemporaine. Après une période de rejet, les compositeurs renouent avec l’opéra dès les années 1970 et, de nos jours, ils sont de plus en plus nombreux à composer pour la scène. Ils revendiquent surtout, en la matière, la liberté de création, hors des dogmes, des écoles, des systèmes. Il n’en demeure pas moins que, pour un large public, l’opéra c’est encore Carmen, Norma, Rigoletto, Lohengrin… Il reste à espérer que la création lyrique contemporaine et le public parviennent à se retrouver.
Guide de l’Opéra - Marie Christine VILA – Larousse 2005 |
Les idées fausses sur l'Opéra!
Tout d'abord, disons le tout net, l'Opéra n'a rien à voir avec ce gros machin ennuyeux, snob, poussiéreux et accablant que certains s'imaginent. Il faut chasser de son esprit certaines idées fausses sur l'Opéra encore trop répandues aujourd'hui et qui peuvent déranger beaucoup de mélomanes.
Pour cela, inspirons nous de l'excellent ouvrage "L'Opéra pour les nuls" de David Pogue -
Scott Speck - Claire Delamarche - Editions First.
1. L'opéra c'est pour les snobs Dans tout art, vous rencontrez des gens qui se considèrent comme supérieurs parce qu'ils savent toujours davantage que les autres. Ils emploient leur propre jargon et s'en servent comme d'un mot de passe commandant l'accès à un club très fermé. Mais, ô ironie, les grands compositeurs ont écrits leurs œuvres pour les masses populaires. C'était l'équivalent des films, avant que le cinéma existe. L'opéra n'est pas plus réservé à une élite que le cinéma.
Le stéréotype de la grosse dame chanteuse d'opéra a commencé à trépasser lorsque la télé s'est mise à diffuser des opéras. Lorsque la célèbre cantatrice Renata Scotto s'est vue à la télévision dans "La Bohème de Puccini ", elle a été horrifiée et, dès le lendemain, s'est mise au régime, fermement décidée à perdre une vingtaine de kilos. La grande Jessye Norman a, elle, perdu cinquante kilos et Déborah Voigt, trente-cinq. Même La Callas s'est imposé un régime draconien. Aujourd'hui, nous connaissons bon nombre de chanteuses et chanteurs qui n'ont rien à envier aux reines de beauté ou aux jeunes premiers de cinéma. Appréciez vous-même: Natalie Dessay - Renée Fleming - Angela Gheorgiu - Anna Netrebko - Roberto Alagna - Juan Diego Florez - Jonas Kaufmann - Rolando Villazón... et beaucoup d'autres.
3. Les opéras durent longtemps 4. Il faut connaître les langues étrangères
Si vous assistez à un opéra sans comprendre ce qui se passe, alors, oui, l'opéra est ennuyeux. Les surtitres ou la lecture préalable du livret ont mis fin à cet inconvénient. Toutefois, force est d'admettre que certains moments peuvent être ennuyeux, notamment dans certaines scènes de "La Tétralogie" de Richard Wagner - Pardon aux fans de Wagner! Ne vous laissez pas égarer par ces rares moments. L'opéra est, par-dessus tout, une des formes d'art les plus intéressantes. Ecoutez le dernier acte de "Tosca": la musique est puissante et passionnée, les mélodies sont somptueuses et on peut les fredonner facilement, l'histoire est à la fois tragique et humaine, l'ambiance y est intense. Ecoutez cet opéra et vous serez conquis à jamais, cela aura sans doute une influence sur votre attitude générale envers l'opéra. 6. Il faut s'habiller pour aller à l'opéra On n'entend souvent les gens prétendent que l'opéra est absolument en dehors de la réalité et qu'il n'y a rien de commun avec la vie quotidienne. Mais, en réfléchissant bien, vous n'y voyez rien d'autre que ce que vous pouvez lire dans vos journaux de tous les jours. Ex: l'histoire d'O.J. Simpson aux USA est totalement opératique. C'est à peu près la même que celle de "Paillasse", l'opéra de Leoncavallo. L'affaire du meurtre des frères Menendez a inspirée l'opéra de Richard Strauss "Elektra". Les sujets principaux de l'opéra sont l'amour et le désir, la jalousie et la cupidité, la religion et la trahison, la justice et l'injustice...
Ce qui fait le prix d'un billet, ce sont les moyens que la production doit mettre en œuvre, particulièrement dans les réalisations à grand spectacle et les nouvelles créations.
9. Les chanteurs ont la vie belle Rendez-vous compte: trois heures de boulot, 15.OOO € et c'est fini pour la journée. Il y a lieu de savoir que le cachet des chanteurs est le même pour tout le monde: 15.000€ brut par soir quelque soit l'opéra dans le Monde où ils chantent car les directeurs d'opéras s'entendent sur les tarifs à payer. Les billets d'avion et frais de séjour sont à la charge des chanteurs. Tout cela semble facile! Mais chanter et surtout, bien chanter, ça l'est beaucoup moins. Aucun art n'est plus difficile et plus ardu que l'opéra. Les Chanteurs d'opéra doivent chanter, parfois à pleins poumons, sans s'arrêter, pendant plusieurs heures de suite. Certains opéras durent trois heures et même cinq chez Wagner. Pour être capable d'accomplir de tels exploits, les chanteurs d'opéra doivent être des surhommes. Ils doivent être en pleine possession de leurs moyens vocaux, ce qui suppose des heures d'exercices et d'échauffement comparables à l'entraînement d'un coureur olympique de décathlon. Les chanteurs d'opéra donnent l'impression de parvenir, dans effort, à la perfection. Cela fait partie de leur art. C'est pour cela que nous les adorons. Mais n'oubliez pas qu'ils font seulement semblant. |